dimanche 25 septembre 2011

Pourquoi partir - et ne pas revenir.

 L'un de mes endroits préférés à Jersey (même si je n'ai pas encore vu la moitié est de l'île) c'est ce château en ruines. Lorsque le ciel est dégagé, on y aperçoit Guernesey, Serq, Herm et Aurigny, les autres Iles Anglo-Normandes habitées. Mais surtout, on y aperçoit la France.

Jersey, ce n'est pas ma première année à l'étranger. Il y a deux ans jour pour jour, je partais pour une petite ville du nord de l'Angleterre. C'est pour ça finalement que le départ a été assez simple, et que les évidences le sont tout autant.

A York, je ne me souviens pas d'avoir eu besoin de voir la France. De toutes façons, la France, elle était à la portée du téléphone, et elle me tendait les bras pour un retour auréolé.
 
 Je suis revenue. Je suis repartie. Je ne reviendrai plus.

Sans forcément passer toute ma vie ici (bien que je rencontre beaucoup de gens venus y passer un été, et qui y sont finalement restés des années), j'ai été contente quand j'ai signé la "demande d'inscription au registre consulaire" - et "l'inscription sur les listes électorales londoniennes". 

C'est assez flou dans mon esprit mais les premiers doutes quant à rester en France sont apparus en 2007, au moment d'entamer ma seconde année de lettres. En 2008 j'envisageais l'année à l'étranger, mais après un master complet (c'aurait été cette année, finalement je retombe sur mes pattes, j'ai juste dévié en chemin !)
Et puis en septembre 2009, il n'a pas fallu beaucoup de temps une fois en Angleterre pour que je sache que j'habiterai là-bas, chez la Reine.

Quand on me demande ce que je fais à Jersey (surtout quand on apprend que je viens de Paris) je réponds avec franchise : j'ai cherché du travail en Angleterre, mais je ne pouvais pas me rendre aux entretiens pour cause de job à Paris, l'entretien pour Jersey a eu lieu à Paris, je voulais un environnement anglophone, mon CV sera plus que prestigieux et cela me donnera l'expérience que je n'ai pas avec des adolescents. Donc pourquoi pas.

Et j'ai du mal à expliquer pourquoi je n'aime plus la France, tout en étant fière de ma nationalité une fois partie. Parfois je m'en veux un peu d'abandonner le navire de l'éducation nationale et d'aller construire ma carrière ailleurs. En une année scolaire, je me suis promenée dans Amsterdam, j'ai pris le métro à Cologne, je suis retournée à York, et j'ai déposé mes valises à Jersey. Et à chaque fois, qu'il s'agisse de trois jours ou dix mois, j'y étais à la bonne place.
Pourvu que ça dure.

2 commentaires:

  1. Ce qui me paraît étrange, c'est de dire que tu ne reviendras pas de manière aussi définitive. J'ai l'impression que c'est te fermer des portes, en un sens. Peut-être que tu ne reviendras effectivement pas, mais peut-être que les choses changeront, et que la vie te réservera des aventures encore ici. Ce serait peut-être dommage de ne pas les vivre.

    En fait, je ne me risquerais pas au définitif pour ne pas craindre de renier plus tard ce que je suis, ou ce que j'ai été un jour.

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  2. Ah bien sûr, ce n'est pas une décision définitive, la porte est évidemment ouverte (et c'est à ça que me sert le master de FLE)

    Mais si je commence à douter, et à envisager des peut-être, cela pourrait ébranler jusqu'aux fondations. Parce que oui, j'aime Paris, j'aime ma famille, et la vie y est plus facile.


    K.

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